Cet album aurait pu être celui d’une consécration possible et définitive au bout de plus de dix ans de carrière. Ce sera aussi paradoxalement celui de tous les dangers… à venir.
Paru après le très surprenant « Aural Sculpture » , ce neuvième album n’ouvre pas de nouvelles perspectives mais offre plutôt à l’auditeur un patchwork réussi de titres consensuels et donc moins marqué par l’esprit encore sulfureux du groupe.
La sortie en 1986 de « Dreamtime » va ainsi permettre aux Stranglers d’élargir leur audience .En France, le turbo single « Always the sun » en sera le principal vecteur, celui qui offre les plateaux TV comme celui qui permet de squatter les bandes son de ce que nous appelons aujourd’hui les commerces de proximité ! Impossible d’y échapper ! La diffusion massive sur les ondes de ce titre entraine de facto une reconnaissance massive et populaire du groupe dans l’hexagone.
Les chroniques sont globalement positives et la tardive côte d’amour du groupe n’a jamais été aussi haute en France, depuis Caen jusqu’à la promenade des anglais .Bref, beau temps sur le plan commercial et météo agréable du côté des médias.. . C’est déjà ça !
Mais ce nouvel album, coloré et chatoyant annonce aussi une possible crise du lendemain. Successeur d’une série d’albums tous aussi différents que passionnants, « Dreamtime » semble se retirer sur des terres propice à une évolution musicale plus grand public. Plus conformiste ? Peut-être car le disque est offert sans prise de risque musical, sans relief particuliers au niveau de la production.
Pas de concepts pour initiés. Pas de changement radical sur le plan créatif. Pas d’ovnis sonores et synthétiques en vue. Finie la menace fantôme du grand et regretté Marvin Gaye…
« Dreamtime » c’est avant tout une palette musicale déclinée en dix variations. Une dizaine de titres délivrés sans fautes de goût avec ici un hommage aux civilisations perdues et là un clin d’œil maison au pays des kangourous. Du boulot solide avec comme poisson pilote un single adulé en France, single qui marquera d’ailleurs de toute sa classe le classement hebdomadaire du célèbre TOP50 de Marc Toesca.
« Dreamtime » c’est donc dix titres qui dans le détail donne:
- Always the sun Le morceau phare de l’album avec une mélodie qui n’en finit plus de briller
- Dreamtime Une basse ronde, un phrasé unique, des claviers discrets mais précieux comme marque de fabrique pour ce titre dédié aux aborigènes.
- Was it you Un des seuls morceaux vraiment “rock” typé « Rattus », pour un album qui navigue en eau calme.
- You always reap what you saw Slow en mode « mille feuilles » raffiné porté par une guitare divine
- Ghost train Un gospel tordu dans un tgv fou ? Effet ferroviaire réussi.
- Nice in nice Premier single sorti sur les ondes, ce titre s’impose par une batterie très avant et son clin d’œil frenchy à double sens.
- Big in America Tout est trop gros aux States ? Peut-être là aussi
- Shakin’ like a leaf Heureuse reminiscence punchy (and Judy ?) d’Aural Sculpture. Un aspect « Black Brothers » très efficace
- Mayan skies La pièce rare de l’album. Lumineux et porté par la voix parfaite de Cornwell, ce titre « en cascade » est un album à lui tout seul.
- Too precious A l’instar du précédent morceau, cette splendide dernière chanson doit beaucoup à la voix de son maître. Mention spéciale pour l’apport des percussions et le tricotage sur mesure des parties de basse. Il y aurait presque un côté 007 dans l’intro !
Lors de la réédition en CD de 2001, six titres bonus ont été ajoutés
- Since You Went Away
- Norman Normal
- Dry Day
- Hit Man
- Was it You? (7" version)
- Burnham Beeches
« Dreamtime » est au final un disque réussi et plus accessible pour un public qui devient de plus en plus large en Europe. C’est le disque d’une certaine maturité mais c’est aussi l’album d’une possible et future impasse ….Une boucle semble achevée. Les perspectives communes semblent plus délicates. La sortie du prochain album »Ten » en fera les frais : une bonne ossature pour un habillage en commun de plus en plus compliqué à mettre en œuvre.
Musiciens :
- Jet Black - batterie, percussions
- Jean-Jacques Burnel - basse, chant
- Hugh Cornwell - guitares, chant
- Dave Greenfield - claviers, chœurs
Autres musiciens ayant participé à l'enregistrement
- Alex Gifford au saxophone
- Hilary Kops et Martin Vesey à la trompette
- B.J. Cole: à la guitare lap steel
- Simon Morton aux percussions
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