Bonjour Jean Claude, merci de nous accorder un peu de ton temps ! Comme tu le sais, notre blog représente officiellement les Stranglers en France. Et tout ce qui concerne directement ou indirectement le groupe comme ses membres nous intéressent. Avec Strange Bird, JJ remonte le temps et renoue avec ses premiers goûts musicaux. Ceux qui à l’adolescence ont accompagné ses premiers pas vers les clubs et les pubs où jouaient alors les groupes du moment. Inconnus pour la plupart mais bientôt célèbres pour certains, ces jeunes musiciens vont porter partout en Europe, le souffle nouveau du fameux British blues boom. Un courant musical plus fougueux, plus urbain et qui fera émerger un grand nombre de groupes aujourd’hui légendaires, à commencer par les Stones.
Au sein des Strangebird, Jean Jacques s’autorise désormais ces quelques moments d’escapades musicales, libre de tout enjeu artistique ou de toute échéance discographique. Et ce sont précisément ces quelques moments que nous souhaitons explorer avec toi : Jean Claude, tu es un musicien chevronné et connu de la scène locale varoise aussi à l’aise dans le registre du rock, du blues que du jazz manouche. Tu es au sein du groupe l’un des deux guitaristes. Alors commençons par parler de toi puis du groupe. Tu cumules plusieurs activités, décorateur, designer, peintre et même commissaire d’exposition ! Alors qui se cache (ou pas) derrière la stratocaster de Jean Claude Gallego ?
J’ai grandi en banlieue parisienne. Je suis né en 57 et je suis issu d’une famille nombreuse. Mon père écoutait beaucoup de musique, notamment de la musique Flamenca et sud-américaine. Ma mère était plus portée vers la variété. Fin 70 mes deux frères étaient punks alors que moi j’étais plutôt génération Woodstock et groupes British . J’ai aimé le blues, très tôt. Puis je me suis intéressé aussi au Blues/Rock sous toutes ces formes et grâce à mes frères aux Stranglers. Je les ai aimé car ils étaient différents des autres groupes de cette époque. Moins brut ou moins grossier sur disque car de vrais musiciens. J’ai adoré leurs deux premiers albums.
J’ai commencé très jeune comme batteur (15 ans) dans un groupe de baloche. Puis j’ai bifurqué vers la guitare car j’avais envie de composer, de créer mes propres chansons. Mais au final j’ai « squatté » dans beaucoup de groupes, à cette époque rien n’était figé. Puis en 80 je suis partis dans le sud dans la foulée. J’ai continué à jouer dans divers groupes, rock, « DILEM », « DEDICACE » bien connus des scènes varoises. Puis j’ai rencontré un guitariste qui faisait du jazz. C’est grâce à lui que j’ai rencontré Sebastian Smith, l’actuel chanteur des Strangebird. Un peu plus tard nous avons monté le groupe « White spirit » (blues rock). On jouait un peu de tout mais avec une forte influence blues, dans l’esprit Blues Brothers, Crédence Clearwater, T-bone Walker, G.More,Stevie Ray Vaughan et bien d’autres… Puis on a monté un autre groupe rock indé que des compos « Lustick » avec lequel on a enregistré un « live »qui devait être dans les bacs de la Fnac, mais la vie en a voulue autrement. Du coup, j’en ai eu marre et j’ai décidé de monter un trio acoustique Jazz manouche « Shaker Swing » et plus tard jusqu’a aujourd’hui« Swing 432 » Et ça a très bien marché. Je m’entraînais(4 heures par jour) et je me suis inscris au conservatoire. C’était nécessaire car j’étais avant tout un autodidacte. J’ai fait six d’ans de conservatoire et c’est là que j’ai rencontré Jean Claude Tkaboca (le talentueux second guitariste de Strangebird )J’ai fait un peu de rock de pop dans 2 autres groupes puis avec le Covid , tout s’est arrêté. Jusqu’au jour ou Sebastian Smith m’appelle ...
Ok Jean Claude, mais avant d’évoquer la genèse de Strangebird, J’ai vu sur les réseaux que tu nourrissais une grande passion pour le cinéaste Georges Lautner dont tu as été le commissaire d’exposition et scénographe pour l’exposition « Hommage à G.Lautner » à Grasse en 2011). Pourquoi ce metteur en scène ? Je suppose que son travail ne peut se résumer pour toi à seulement son œuvre iconique que sont les Tontons Flingueurs.
Tout à fait. Mais pour que tu comprennes bien mon parcours qui passe aussi par le cinéma, je dois te dire que j’ai commencé à travailler très jeune. Là aussi avec un profil d’autodidacte, qui comme pour la musique m’’a permis de faire beaucoup de choses très différentes. Je me suis orienté assez vite vers le design, la peinture et le dessin, encouragé par mes proches qui pour la plupart évoluaient dans le milieu de l’art. J’ai travaillé plus de vingt ans dans la décoration. Et c’est pas l’intermédiaire d’une amie que j’ai rencontré Georges Lautner qui recherchait à rénover sa propriété, un ancien moulin très imposant. J’ai donc commencé à travailler pour lui tout en continuant à étudier la musique manouche. Et comme le travail ne manquait pas au moulin, j’ai fini par travailler pour lui à plein temps, aussi bien pour rénover, entretenir ou décorer sa résidence que sur les divers tournages. J’ai fait plein de petits boulots enfin, tous ceux nécessaires au bon déroulement de l’enregistrement d’un film. J’ai eu beaucoup de chance ! J’ai noué une très belle relation avec Georges Lautner dont j’étais avant tout un grand fan, comme beaucoup de gens de ma générations qui ont pu voir tous ses fims le dimanche soir à la télévision.
Revenons aux Strangebird, parles nous plus précisément de Jim Mc Carty, le batteur légendaire des Yardbirds : Tu devais avoir des étoiles plein les yeux lorsque tu as rencontré celui qui a joué avec Jeff Beck, Clapton ou Jimmy Page ?
J’ai surtout « flippé » ! En fait tout à commencer avec un coup de fil de Sebastian Smith (chanteur des Strangebird). Il me propose de venir boeufer, juste pour le plaisir en compagnie de quelques amis, et de choisir quelques titres sur une liste de morceaux qu’il m’a envoyé. Pourquoi pas ! Et là il m’annonce qu’il y aura Jim Mc Carty, batteur historique des Yarbirds et JJ Burnel des Stranglers ! Plus un guitariste qui est la réincarnation de Jimmy Hendricks (qui n'a pas pu venir )! Quand je découvre que Jim a joué avec Jeff Beck, Jimmy Page ou Clapton, je me prends un gros coup de pression ! Du coup J’ai appelé Jean Claude Tkaboca et je lui ai proposé de venir avec moi pour boeufer avec des pros. On a bossé tous les deux quelques titres puis nous sommes allés à notre première répétition. On « flippaient » tous les deux mais nous étions très excités de jouer avec de telles pointures. En fait, ils nous ont mis très vite à l’aise grâce à leur humour et leur professionnalisme . A la fin de cette première séance, ils nous ont proposé de nous revoir. Et c’est ainsi que Strangebird est née.
Au niveau des Strangebird, comment se fait le choix des titres à jouer ? Tout le monde propose et certains font le tri après ?
Au début la liste des titres était faite entre Jim, JJ et Sebastian. Maintenant tout le monde propose des morceaux qui sont avant tout des reprises.
En parlant de reprises, tu as entendu parler des Purple Helmets ? Le groupe de JJ qui à la fin des années 80 proposait des reprises de tous ces groupes issus du fameux British Blues Boom ?
Non je ne connais pas mais je vais regarder ça. Il en a parlé un peu au début.
Ça devrait t’intéresser, Strangebird me fait penser à ce groupe dans lequel jouait également Dave Greenfield. Je les avais vu en concert à Lyon en 89. J’étais alors à l’armée et en permission ! A l’occasion, jette une oreille sur les Purple helmets. C’était vraiment un bon groupe.
Oui sûrement ! Mais tu sais avec Strangebird je suis un peu comme un ado qui joue dans son premier groupe. Il y a une super ambiance entre nous et je ressens ce petit frisson, celui que tu as lorsque tu commences à créer un truc entre potes. Y compris pour jouer des reprises.
Imaginez-vous un jour, enregistrer quelque chose ? Juste pour le plaisir de laisser une trace et de partager la joie commune d’avoir sorti un disque notamment en compagnie de deux musiciens exceptionnels et reconnus.
Le problème c’est que JJ et Jim sont très demandés. Pas facile pour eux d’être toujours disponibles. En fait nous avons commencé à faire des concerts assez rapidement. On a enregistré deux titres (de Jim) et à vrai dire nous serions plus portés pour enregistrer un « live ». Moi , évidemment j’aimerai enregistrer un disque mais trop compliqué à réaliser en ce moment. C’est plus envisageable de sortir un « live ». Et là il faudra faire le bon choix de l’endroit, de façon à avoir une bonne qualité sonore. Pas toujours le cas dans certains endroits. Un jour, dans un pub le technicien avait oublié les câbles pour les « retours ». Un vrai cauchemar mais on a bien rigolé et on a assuré malgré tout. JJ nous a dit que cela lui avait rappelé les débuts des Stranglers.
Avec Strange Bird, nous voyageons dans le passé. Une forme de « retour vers le futur » à la fois jubilatoire et nostalgique. Un jukebox live qui rassemble tout le monde et qui donne du plaisir autant au groupe qu’à son auditoire. Ce frisson jouissif de la scène, tu n’as pas envie de le prolonger un peu plus ? Parlez-vous entre vous de jouer un peu plus souvent ?
Oui mais ils ne sont pas toujours dispo. Et lorsque le groupe joue, il faut avoir Jim et JJ sur scène ! C’est difficile de nous réunir tous les cinq pour faire plus de dates. Et ceux qui programment les concerts veulent avant tout avoir Jim et JJ.
Les Stranglers (Hugh ou Baz) ont toujours joués sur Telecaster, ton avis sur cette guitare qu’un certain Keith Richards n’a jamais renié.
C’est une guitare pour jouer du rock ! Mythique ! J’ai essayé à une époque, notamment celle où j’adorais les Clash. Un groupe qui a beaucoup compté pour moi. J’avais une grande admiration pour Joe Strummer. J’ai adoré également les Stray cats et Elvis.
D’ailleurs à ce sujet quel est ton guitariste préféré ?
Ceux qui ont compté pour moi ? Rory Gallagher ! Mais aussi Santana, Brian Setzer, Poppa Chubby et Stevie Ray Vaughan. J’ai aimé Clapton, notamment son « touché », tout comme Jimmy Page et les débuts du hard rock. Sans oublier Django Reinhardt Josho Stephan, Charlie Christian, Hendrix, BB king, Peter Green, Gilmour et plein d’autres.
En guise de conclusion, quels disques emporterais-tu avec toi si tu devais en sauver quelques-uns ?
Les BEATLES : ABBEY ROAD / LET IT BE / MAGICAL MISTERY TOUR OST version longe US
Les STONES : HOT ROCKS 64/71
Le TRIPLE ALBUM DE WOODSTOCK
PINK FLOYD : DARK SIDE OF THE MOON / ATOM HEART MOTHER
Les DOORS : L.A WOMAN
Les YARDBIRDS: ROGER THE ENGINEER
Les STRANGLERS : NO MORE HEROES / FELINE
Les STRAY CATS : LIVE THE TORANTO STRUT 83
Les CLASH : LONDON CALLING
La compile the best de DJANGO REINHARDT
La compile the best de Jazz manouche 1960/2025
Merci Jean Claude, ici sur notre blog, tu es comme chez toi !
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Crédit photo : Jean-Claude Gallego
- Site ACPROD - Strangebird : https://www.ac-prod.com/strangebird/
- Chaîne YouTube - Strangebird : https://www.youtube.com/@strangebird2023
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