samedi 6 mai 2017

Jim Macaulay : "Jet a toujours une forte présence dans les Stranglers et je ne voudrais pas empiéter là dessus"

Nous avons le plaisir de vous proposer une entrevue exclusive avec Jim Macaulay, pour Stranglers-France.
Nous tenons sincèrement à remercier Jim, qui a amicalement accepté de se prêter au jeu pour cette première interview. Bonne lecture.


Jim, tout d’abord merci de nous accorder cette interview. Les fans français qui t’apprécient beaucoup souhaitent mieux te connaître, peux tu te présenter ? 
Et bien, bonjour. Tout d’abord, merci à tous les fans français de me faire l’honneur de s’intéresser à moi ! Mon nom est Jim Macaulay, j’ai le plaisir de jouer avec le groupe en concert depuis environ 5 ans maintenant. Je viens de Birmingham au Royaume-Uni, je suis un peu plus petit que la moyenne, j’ai des yeux bleus et ma nourriture favorite est l’avocat.

Que faisais tu avant de jouer avec les Stranglers ?
J’ai été maçon pendant un moment mais ça n’était pas une profession assez chic pour tolérer mes changements incessants de coupes de cheveux. Je suis batteur professionnel depuis 2007 mais je joue depuis l’âge de 6 ans. A l’origine, j’ai joué pour plusieurs groupes locaux. A 19 ans, j’ai rejoint le groupe Envy & Other Sins qui a connu un petit succès. Nous avons fini par signer avec Universal Records jusqu’à ce qu’ils nous lâchent en 2009. Je m’étais cependant débrouillé, durant cette période, pour me faire suffisamment de relations pour me lancer dans une petite carrière de musicien de session.

Un clip d’Envy & Other sins (avec une coupe de cheveux inédite de Jim!)

Comment s’est faite ta rencontre puis ton embauche par le groupe ? 
J’ai rencontré le groupe en 2010 au moment où je jouais pour Mike Marlin. Celui ci a fait plusieurs tournées en première partie des Stranglers sur une période de 2 ans, ce qui m’a permis de faire la connaissance du groupe et de ses roadies. Je me suis finalement lié avec Ian Barnard, l’ancien technicien batterie de Jet. A l’époque, Jet jouait encore la majorité des concerts avec le groupe mais par moments, sa santé ne le lui permettait pas et c’était Ian qui le remplaçait. Jet ne faisait plus de concerts à l’étranger donc c’était toujours Ian qui s’en chargeait. Durant l’été 2012, un autre groupe a embauché Ian ce qui l’a rendu indisponible pour 6 festivals, alors il m’a demandé de le remplacer. Comme je connaissais déjà le groupe et l’équipe, ça lui paraissait plus facile. A l’origine, Ian devait reprendre son boulot à la fin de l’été mais sa carrière a quelque peu décollé entre-temps. Avec Jet qui se rapprochait de la retraite, ça ne s’est jamais fait et le groupe est resté sur la solution avec moi.

Quelles difficultés as-tu rencontré à tes débuts ? Il n’est pas simple de remplacer un monument comme Jet !
Quand j’ai commencé, il n’était pas question de « remplacer » Jet, j’avais juste été embauché pour 6 mois -souvenez-vous que Jet jouait encore sur quelques chansons dans les concerts britanniques. En fait, avec le recul, je pense que c’est ce qui a facilité ce qui aurait pu être autrement une transition difficile pour n’importe qui, car il n’y a jamais eu le sentiment que Jet était parti (et je m’empresse de préciser que c’est toujours le cas). Il n’était simplement pas là tel jour. Ça m’a enlevé beaucoup de pression car je ne pense pas avoir été soumis à l’examen de passage immédiat auquel quelqu’un comme Baz a été soumis quand il a remplacé Paul Roberts. Ça m’a pris un certain temps pour rendre mon style plus proche de celui de Jet. C’est un processus qui est toujours à l’oeuvre et je pense qu’à chaque tournée, j’améliore la manière dont je joue les chansons les plus originales. Jet est un batteur très singulier et je suis toujours à la recherche d’un équilibre entre le fait de respecter la manière dont il a joué et de ne pas en faire un pastiche.

As-tu le sentiment d’avoir appris ou progressé depuis que tu joues avec les Stranglers ?
Je pense que je me suis définitivement amélioré depuis que je joue avec le groupe. Sans vouloir sonner trop flagorneur, je pense que le simple fait de jouer à côté de musiciens de cette qualité te force à t’améliorer un peu. Je pense également que le fait d’avoir dû disséquer les partitions de Jet dans le but de les apprendre m’a permis de me rendre compte de ce que voulait dire jouer pour la chanson plutôt que de jouer sa partie de batterie, ce qui aurait été peut-être plus complaisant. J’ai toujours aimé voir mon jeu changer au gré des artistes avec qui j’ai travaillé. C’est un des aspects qui rend mon boulot continuellement intéressant !

Est-ce que cela t’obligé à modifier ton jeu ? 
Le groupe aime bien avoir un gros son live, quand les chansons le permettent, ce qui fait que je pense jouer un peu plus fort maintenant.

Est-ce que Jet t’a briefé et de quelle manière ? As-tu un lien régulier avec lui ?
Jet a toujours été d’un grand soutien tout en étant respectueux envers moi. Par moments, je lui ai demandé des tuyaux sur quelques chansons et il a été ravi d’aider, mais la plupart du temps, il me laisse me débrouiller. Une partie de mon travail que je prends très au sérieux, consiste à arriver bien préparé, en connaissant toutes les chansons et tous les arrangements, aussi la majeure partie de ce dur travail d’apprentissage des partitions a lieu dans mon petit studio, loin du groupe. La conséquence, c’est que je n’ai pas toujours l’opportunité d’avoir du temps en tête à tête avec notre homme. De plus, il ne manque jamais de gens prêts à me dire quand je me trompe en jouant. A commencer par mon technicien Rikki !

As-tu d’autres activités artistiques ou professionnelles en dehors des Stranglers ?
J’essaie de jouer pour d’autres groupes ou artistes quand j’ai le temps mais pour être franc, notre calendrier de tournées laisse peu de place pour participer à d’autres projets. En-dehors de la musique, Andi Lycett (le technicien guitare du groupe) et moi avons une société qui conçoit et produit des accessoires et décors pour les groupes. C’est le cas du décor de la tournée Classic Collection [NDE : nom de la dernière tournée britannique du groupe] que certains d’entre vous ont pu voir cette année.


Désormais tu apparais sur les affiches du groupe. C’est un signe de reconnaissance évident ! Malgré ton arrivée tardive et le décalage d’âge, te sens tu désormais pleinement membre du groupe ?
Oui et non, si je veux répondre franchement. Quand nous sommes sur scène, je pense que nous en sommes maintenant rendus à un point où nous nous complétons bien d’un point de vue dynamique, alors de ce point de vue oui. En-dehors des concerts, il y a beaucoup de gens qui travaillent dur pour que tout se passe bien pour le groupe et qu’il puisse jouer au top. Des managers aux roadies, nous formons une petite famille très unie et je me vois plus comme une partie de ce tout que comme un « membre du groupe ». Les gars ont toujours été très accueillants avec moi et ont pris soin que je sois exceptionnellement bien traité alors je suis très heureux de cet arrangement. En fin de compte, Jet a toujours une forte présence dans les Stranglers et je ne voudrais pas empiéter là dessus.

Le répertoire du groupe puise principalement ses titres dans les années avec Hugh. Aimerais-tu jouer d’autres morceaux ? Donnes-tu ton avis pour constituer la set list ?
Pour être franc, ça m’a pris tout ce temps pour me mettre pleinement le catalogue du groupe dans la tête ! Il est tellement vaste que chaque année, quand on m’envoie la liste de chansons, il y en a toujours qui sont nouvelles pour moi. Je dois dire que j’aime jouer les classiques. Il n’y a rien de mieux que de ressentir les réactions du public quand on joue Heroes ou SBC. Ceci dit, je pense qu’il y a des morceaux très forts sur les albums plus récents. C’est aussi amusant de jouer des chansons que le public connait moins car tu as un peu plus de liberté pour changer les choses. « 15 steps » que nous avons jouée sur la dernière tournée en est un bon exemple.
Je suis rarement impliqué dans la composition des set lists -le seul apport que je peux avoir c’est normalement juste pour leur rappeler certaines chansons qu’ils ont oubliés avoir écrites !

Quels sont les titres que tu préfères jouer ? Et quels sont ceux qui sont plus compliqués à exécuter ? 
J’aime jouer Duchess, SBC, Go Buddy Go, Walk on By, Norfolk Coast, Grip... beaucoup d’entre elles, je prends du plaisir pour toutes ! Il y en a une ou deux qui sont assez compliquées cependant. Du point de vue d’un batteur, Jet a rarement compliqué une de ses parties, il était particulièrement doué pour faire ce qu’il fallait mais pas plus. La difficulté réside plutôt dans la chanson et sa mesure. Prenez « Enough Time » par exemple, le rythme lui-même est très simple mais l’intégrer dans la chanson, c’est plus compliqué !

La disposition de ton kit et ta façon de jouer permet au public d’apprécier ton jeu. Tu apportes une dimension visuelle supplémentaire au groupe sur scène. Quels sont les batteurs qui t’ont influencé ?
Ha ha ! Je reconnais que je suis un peu frimeur ! Il y a plein de batteurs que j’adore mais comme je ne suis pas particulièrement un fan de batterie en tant qu’instrument solo alors c’est plutôt des gars un peu plus subtils. J’adore absolument Steve Gadd, Jeff Porcaro, John Bonham, Ringo… tous les « membres classiques de groupes ». Récemment, je me suis intéressé à Lester Estelle et Stanton Moore. Ces gars sont sur une autre planète !

La batterie est un instrument physique. Pratiques tu régulièrement ?  Comment te prépares tu personnellement avant une tournée ?
Je suis vraiment un épouvantable professionnel, je suis loin de m’entraîner assez. Mais il m’est difficile de trouver le temps, surtout quand on tourne beaucoup. Malgré cela, je fais de gros efforts pour rester en bonne forme pour pouvoir jouer. J’ai eu de gros problèmes il y a quelques années avec le canal carpien de mes poignets et mains et l’année dernière, je me suis fait une tendinite de l’épaule aussi il faut que je passe beaucoup de temps à la salle de sports pour essayer de réparer ces blessures. C’est très chiant mais ça m’aide à maintenir le physique d’Adonis que vous voyez devant vous aujourd’hui alors tout n’est pas perdu.

La dernière tournée a été encore cette année un grand succès. Comment analyses-tu un tel phénomène ?
Honnêtement, je n’en ai pas la moindre idée ! Et je pense que c’est la même chose pour les autres ! Nous sommes tous très reconnaissants aux fans pour leur fantastique support. Je pense qu’ils peuvent se rendre compte que nous apprécions réellement ce que nous faisons et s’en nourrir pour créer une atmosphère fantastique dans les concerts. De tous les groupes pour lesquels j’ai travaillé, les Stranglers sont ceux qui ont les meilleurs fans. Ils savent tout sur le groupe et nous suivent partout. Je pense que c’est un élément important pour maintenir le groupe au niveau où nous sommes.

Le public écossais semble le plus enthousiaste, le plus passionné et le plus fidèle : il y a une raison particulière ? 
En tant qu’anglais avec une famille écossaise, je dirais que l’Ecosse est le meilleur pays au monde (à l’exception probable de la France bien sûr) ! Il y a peut-être une histoire d’alcool avant le concert aussi...

En dehors des Stranglers, quel type de musique écoutes tu ? Quels sont tes groupes préférés ?
Toutes les sortes en fait ! Je m’ennuie si je reste trop sur le même genre. En ce moment, j’aime un groupe qui s’appelle White Denim de même qu’un jeune groupe de Brighton qui s’appelle Black Honey -gardez un oeil sur eux, ils sont étonnants ! Plus plein de vieux trucs comme Roxy, Small Faces, The Futureheads, The Young Knives… Pour la plupart, des trucs new wave un peu barrés. Je pense que mon favori de toujours, c’est Ben Folds Five. C’est sans doute le seul groupe que je ne me lasse jamais d’écouter.


Pour finir : As-tu un message à adresser aux fans français ?
J’adore absolument tourner en France. Votre pays est tellement fantastique et vous nous traitez tellement bien. Je suis très impatient de revenir un peu plus tard cette année. Venez me dire bonjour si vous venez au concert, vous me trouverez près du bar ! Plein de bisous ! Jim.


Crédit photographique : Anne Lu

3 commentaires:

Seb aka fakor a dit…

Beau boulot, félicitations!
C'est agréable d'entendre un peu Jim. On le connait assez peu en fait, même s'il fait un super boulot pendant les tournées! Il a plein de choses intéressantes à dire ce monsieur et le lecture de cet interview est un vrai régal! Encore bravo à la stranglers-france team! ;)

Stranglers France a dit…

Même si nous ne prenons pas toujours le temps de répondre aux commentaires des Meninblack, c'est toujours un plaisir de les lire.
La "stranglers-france team" te remercie, cher Seb aka fakor.

Anne Lu a dit…

C'est frais... Il a dit qq chose que je trouve vraiment super pour un musicien :
"J’ai toujours aimé voir mon jeu changer au gré des artistes avec qui j’ai travaillé. C’est un des aspects qui rend mon boulot continuellement intéressant !"
Pour moi, c'est prometteur de progrès incessants, d'ouverture d'esprit et plutôt une preuve d'humilité.
Pour autant, ce mec a du caractère en ne cherchant pas à pasticher le jeu de Jet Black mais en affirmant le sien, et c'est tout bénèf pour nos oreilles....
Je lui souhaite de se sentir pleinement "membre du groupe" au plus vite !