lundi 25 mai 2020

Dave, pub The Boot, Histon, novembre 1994

En 1994, deux jeunes Français fans des Stranglers, se rendaient dans la campagne de Cambridge pour rencontrer le maestro. Ils ont tiré de cette rencontre un article qui a été publié, à l’époque, dans le fanzine Strangulation, organe officiel du SIS français. Les interviews de Dave étant fort rares, nous avons exhumé celle-ci des archives du fanzine. 
 
Merci à Christophe Menier et Eric Dochez pour l’entretien et les photos, Jean-Philippe Cimetierre et Christophe Menier pour la traduction.

A suivre, ci-dessous, l'interview parue sur Strangulation :  Tell us Dave : do you like it like thaaaaat ?

Tell us Dave : do you like it like thaaaaat ?
Strangulation : Pourquoi as-tu arrêté de chanter depuis l’album Meninblack ?
Dave Greenfield : Maintenant, il y a Paul dans le groupe ; de plus, ma voix n’est pas bonne, j’ai toujours été obligé d’y rajouter pas mal d’effets.

S : As-tu écrit toi-même les textes des chansons que tu interprétais ?
DG : Non, non, jamais, pour les textes, c’était toujours JJ ou Hugh, même sur celles que je chantais.

S : Comment expliques-tu ce changement dans ton style de jeu : avant, tes lignes de synthés étaient plus des solos alors qu’aujourd’hui tu utilises surtout des accords dans les morceaux.
DG : Mon premier synthétiseur était un Mini Moog sur lequel on ne pouvait jouer qu’une note à la fois. En ce moment, j’utilise deux samplers, un synthétiseur plus le Mini Moog. Ce dernier est un synthétiseur monophonique, on ne peut donc pas y jouer d’accords, c’est probablement la raison pour laquelle je faisais tant de solos, de « note à note ».

S : Joues-tu souvent des claviers chez toi ?
DG : Pas en ce moment, mais nous répétons tous les jours, c’est suffisant. J’ai un  piano à la maison mais il est complètement hors d’usage. J’ai également un petit synthé sur lequel je joue de temps en temps mais il est vraiment trop petit.

S : Que penses-tu de la musique actuelle, celle qui passe à la radio ?
DG : Je ne l’écoute pas, je t’avouerais sincèrement que ça ne me plait pas vraiment.

S : T’intéresses-tu à l’évolution de la technologie ? a-t-elle une influence sur ta manière de composer ?
DG : Evidemment. Il y a des choses que je peux faire techniquement maintenant qui étaient impossibles à réaliser à nos débuts.

S : Quelle est ta formation musicale ?
DG : En fait, quand j’étais au lycée, un type qui était avec moi m’a appris la guitare et je pense que ce fut le déclic. A vrai dire, quand j’ai quitté l’école, j’étais très intéressé par deux choses : la guitare et les motos. Par la suite, je suis passé très naturellement de la guitare au piano.

S : Nous savons pas mal de choses sur JJ, Jet et Hugh avant les Stranglers mais pas grand-chose sur toi, que faisais-tu ?
DG : J’ai toujours été dans des groupes, professionnels et semi-professionnels. Juste avant les Stranglers, j’avais joué dans un groupe en Allemagne pendant deux mois. J’ai d’ailleurs vécu quelques années en Allemagne.

S : Tu maîtrises donc bien l’Allemand ?
DG : Un peu mais tu sais, c’était il y a une vingtaine d’années !

S : Es-tu toujours « anti-presse » (déformation des interviews dans les journaux…) ?
DG : Oui, la plupart du temps. Je n’ai pas vraiment changé sur ce point.

S : Que penses-tu de l’évolution des home studios ?
DG : C’est une excellente idée, en particulier pour tout le travail précédant la production, nous les utilisons d’ailleurs nous-mêmes. A nos débuts, si tu voulais un grand studio, il fallait débourser 1000£ par jour. Heureusement, aujourd’hui, c’est bien moins cher. Mais il faut les utiliser à bon escient, pour des démos par exemple, tu ne peux pas enregistrer un disque dans un home studio, ce ne serait pas techniquement suffisant. Ceci dit, je suis tout à fait d’accord avec l’idée du home studio.

S : Au-delà des relations humaines, quelles sont les principales différences entre les Stranglers Mark I et II (compositions des morceaux…) ?
DG : La différence principale, c’est que maintenant, quand nous écrivons quelque chose, nous l’écrivons tous ensemble, alors qu’avant JJ et moi ou Hugh et Jet amenaient les idées et nous ne faisions ensemble que la finition.

S : Il vous arrive donc de composer durant les répétitions ?
DG : Oui. Au départ, il peut n’y avoir qu’un riff ou une idée et chacun construit autour de ça. Paul propose quelque chose, par exemple, il n’a pas les accords de guitare et nous nous y mettons tous.

S : La rumeur selon laquelle, entre 1983 et 1990, tous les morceaux étaient composés en studio est-elle une réalité ?
DG : Non, enfin dans un sens seulement : Hugh avait chez lui un studio 8 pistes, JJ un 16 pistes donc ils composaient dans ces studios. Mais nous ne l’avons presque jamais fait dans de vrais studios, nous y en avons très peu écrit, 3 ou 4 maximum. En fait, nous les finissons en studio, on les polit, cela coûte évidemment moins cher et prend moins de temps que de les composer en période d’enregistrement.

S : Pourquoi Jet utilise-t-il des drums machines (boites à rythmes) depuis Aural Sculpture ?
DG : C’est Jet qui faisait toutes les programmations, il samplait des sons de vraies batteries pour ensuite les reproduire avec la drum machine mais tout cela prenait énormément de temps en studio et, de plus, cela restait très mécanique. Par contre, tous les nouveaux morceaux ont été joués live avec une vraie batterie et il en sera ainsi sur le nouvel album [NDLR : les Stranglers étaient alors en plein enregistrement de About Time] qui, du coup, sera plus rapide ! Il nous arrivait également d’avoir recours aux drum machines en concert, en complément sur certains morceaux où il était impossible de reproduire avec deux mains et deux pieds ce qui était fait avec la machine en studio.

S : Et toi, lors des enregistrements, tes claviers sont-ils programmés ou joues-tu live ?
DG : Certains l’étaient par le passé mais je ne l’ai évidemment jamais fait avec un piano ou un Hammond. Par contre, sur le nouvel album, pour moi aussi, tout sera joué live, je préfère vraiment cela. 


S : Depuis l’obtention de ton brevet de pilote, quels sont tes relations avec le monde de l’aviation ?
DG : Je n’ai pas volé depuis plusieurs années maintenant. J’ai eu mon brevet en 86 ou 87, je crois. Je pourrais et j’aimerais voler à nouveau mais cela demande du temps et de l’argent.

S : Nous savons que tu as une véritable passion pour les sujets suivants : l’aviation, les rats, les jeux électroniques, les mots croisés et la bière anglaise…
DG : (rires) pas seulement l’anglaise !

S : … Peux-tu en choisir un et essayer rapidement de nous convertir à ta passion (Dave se fera, pour cette question, aider par sa femme Pamela et Simon Webb) ?
DG : Ce sera les rats ! Les rats sont intelligents, de très bons animaux de compagnie, ils sont malins, ne mordent pas… à moins qu’on les emmerde (rires) et sont parfois de meilleurs compagnons que les êtres humains ! Ceci dit, ils sont tous différents, ils ont tous leur propre personnalité, ce sont des animaux très amicaux ! [NDLR : Pamela et Dave en possédaient à l’époque plusieurs spécimens]

S : Comment imagines-tu le futur des Stranglers ?
DG : Tu sais, si je le savais, j’aurais énormément d’argent ! Je n’en ai sincèrement aucune idée. Pour l’instant, nous travaillons sur le prochain album, c’est tout ce qui importe !

S : Les Stranglers jouent depuis 20 ans, comment t’imagines-tu dans 20 ans ?
DG : Vieux (rires). Toujours dans le monde de la musique ou…mort ! Je ne vois pas vraiment ce que je pourrais faire d’autre que de la musique. 

S : Si tu avais un seul album des Stranglers à faire écouter à quelqu’un qui ne connaît pas du tout le groupe, lequel choisirais-tu pour l’initier ?
DG : C’est une question difficile. Je dirais peut-être un best-of ou quelque chose comme ça. Personnellement, mon album préféré est peut-être toujours The Raven mais cela ne veut pas dire que faire écouter The Raven à quelqu’un qui ne connaît pas le groupe représenterait vraiment les Stranglers. En fait, cela dépendrait vraiment des personnes, du style de musique qu’elles aiment. Je ne suis plus très objectif, il y a si longtemps que je suis dans la musique.

S : Personnellement, as-tu quand même une chanson préférée dans la discographie des Stranglers ?
DG : Non, je n’ai pas de titre favori. Je dis généralement que ceux que je préfère, ce sont les plus difficiles techniquement à jouer live. Certains sont ennuyeux, il n’y a pratiquement rien à faire, que des accords. Je dirais donc plutôt des morceaux où le clavier est rapide comme Tank ou Toiler.

S : … pendant que tu bois avec l’autre main, comment fais-tu cela ? C’est réellement impressionnant !
DG : (rires) C’est tout simplement une question de nécessité, tu sais, entre chaque morceau, je dois programmer le son du suivant, il n’y a donc que pendant les solos que je joue avec une seule main que je peux boire !

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Voir aussi notre seule interview de Dave réalisée en 2013 : https://stranglers-france.blogspot.com/2013/09/dave-greenfield-je-me-suis-retrouve.html 

3 commentaires:

Feline a dit…

Dave immortel dans nos oreilles.Feline

Anonyme a dit…

Excellente interview avec un Dave toujours un brin énigmatique, mais qui saura mettre toujours son expression au profit de ses claviers, pour le plaisir de tous.

RV

AnneLu a dit…

Excellent ! Merci aux "2 jeunes français " ...:))