samedi 18 juin 2016

Kangourou, Kiwi, etc...

À son retour de tournée en Australie et en Nouvelle Zélande, JJ nous a accordé une interview. 
Au programme: les Maoris et les Aborigènes, la reine d'Angleterre, une tournée avortée et... peut-être un nouvel album.

Vous venez de boucler une tournée de 8 dates en Australie et en Nouvelle Zélande. Quatre ans après votre tournée avec Blondie et les Saints en 2012, quel premier bilan fais-tu de cette série de concerts dans l’hémisphère sud ?

Oui cela a été une très bonne surprise, y compris pour les promoteurs. Nous avions avec nous, en première partie, Ed Kuepper, un des membres fondateurs et compositeur des Saints. Certaines dates étaient sold out plusieurs mois avant notre début de tournée. Nous aimerions à nouveau retourner jouer dans ces deux pays.


Le public qui est venu à vos concerts, est-il différent de celui que vous rencontrez en Europe ? Un mélange d’anciens fans, de jeunes, de curieux ? Sont-ils plutôt réservés comme en France ou plutôt enthousiastes et remuants comme en Angleterre ?

Les Français sont en effet plus réservés, c’est toujours surprenant. Mais eux bougeaient beaucoup. A l’origine, il y a une dimension ou une marque anglo saxonne très forte dans ces deux pays. Les Australiens sont des Anglais qui vivent à l’extérieur ! Une fois la bière bien diffusée dans leurs veines, ils y vont !


Vous avez construit une set list spécifique ? En France, depuis quelques temps vous présentez souvent un assortiment de titres assez « best of » ? Alors qu’en Angleterre vous prenez plus de risques dans le choix des chansons ? C’est toi qui choisis la set list ?

Non c’est le groupe. Nous sortions de la tournée Black and White, spécifique au public anglais. Donc nous avons simplement repris les titres joués en Europe l’année dernière.


Avez-vous une bonne distribution de vos disques là-bas ? Je crois que c’est désormais Warner qui gère votre catalogue du début jusqu’en 82 : pour vous c’est un plus ?

Oui c’est Warner qui a acheté les droits. Ça ne change pas grand-chose pour nous. Les maisons de disques ne sont pas aussi importantes que par le passé. Le modèle de distribution a totalement changé.


L’Australie comme la Nouvelle Zélande est un pays jeune : ils sont souvent décrits comme des pays où il fait bon vivre. Les gens semblent plus décontractés que dans notre vieille Europe. As-tu ressenti cet état d’esprit ?

La Nouvelle Zélande par exemple, nous y sommes déjà allés avant ces dates, notamment avec Blondie. Là-bas les gens sont spontanés. Ils écrivent ensemble leurs propres livres, leurs propres histoires. Ils ont moins de règles que chez nous. Ils sont en effet très positifs et particulièrement décomplexés ; Les hommes comme les femmes d’ailleurs, sans aucune différence. Ce sont des pays où il se dégage beaucoup de sérénité également. Ils sont naturellement optimistes.


Leur rapport à la nature comme au corps semble très affirmé ; ils semblent tous très jeunes, très sportifs, très athlétiques et très ouverts au monde. Pour autant leur histoire a été assez violente. Composé d’anciens bagnards, les colons britanniques ont imposé avec force et même avec un racisme très assumé leur pouvoir sur cette ile continent ; tu as encore ressenti cette différence, cette ségrégation vis-à-vis des aborigènes ?

En effet, ils ne se mélangent pas beaucoup ! Par contre en Nouvelle Zélande, la population blanche est davantage mélangée. La culture polynésienne est davantage partagée. Elle est plus influente. Le point commun qui réunit ces deux pays peut aussi s’identifier avec le sport. Pour un pays peu peuplé malgré un espace géographique considérable, ils ont d’excellents résultats dans toutes les disciplines sportives. Ils aiment également se confronter aux anglais. Peut-être parce qu’ils nourrissent toujours un certain complexe…Ils adorent battre les Anglais !


L’Australie est une monarchie constitutionnelle, la reine d’Angleterre est la reine des Australiens et même si elle venue assez rarement dans ce pays, elle reste leur reine. Comment apprécier cette relation aujourd’hui en 2016, à plus de 25 heures de vol ? Cela a-t-il encore un sens ?

Oui ça un sens. Y compris au Canada comme en Nouvelle Zélande. Chaque année, il y a pourtant des tentatives de remise en cause de la monarchie mais ça ne passe pas. Cette année, certains en Nouvelle Zélande voulaient changer le drapeau de façon à ce qu’il ressemble moins au drapeau britannique, mais ça ne passe toujours pas ! Ce système monarchique constitutionnel assure une certaine stabilité. En cas de problème, le président élu dans une république n’est pas à l’écart ou au-dessus des problèmes. Il est directement concerné. Et s’il n’est pas très bon, il entraîne tout le pays dans la morosité. Comme en France. Avec la monarchie constitutionnelle, que tu sois de gauche ou de droite, rien ne bouge. Il y a une plus grande stabilité pour le pays.


Votre album Dreamtime parlait justement des aborigènes : peux-tu nous rappeler le concept de cet album ? De quoi parlait Dreamtime ?

Les Stranglers connaissaient bien l’Australie. Nous avons eu des problèmes là-bas, au début. Mais plus tard, nous y sommes retournés et nous avons été très sensibles aux notions d’environnement, à leurs traditions. Il y avait un côté écologique intéressant aussi. Dreamtime parlait de tout ça.


On cite souvent, pour illustrer la scène musicale australienne, les quelques grands groupes habituels comme AC/DC , Midnight Oil, Inxs ou Nick Cave mais il y a eu aussi des groupes moins connus mais très intéressants comme Radiobirdman, les Go Betweens, The Church ou les Saints. Tu as eu l’occasion de t’intéresser à la scène musicale australienne ?

J’essaye d’aller dans les pubs , surtout si j’ai le temps ou si j’ai un jour ou deux Off. Mais là ce n’était pas possible. Mais oui ils ont de très bons groupes, à côtés des plus connus.


Tu as bien connu Chris Bailey , le leader des Saints ; en 77 ce groupe jouait un punk rock très mélodique et il se démarquait déjà des autres groupes anglais. Ils étaient à part à l’époque. Vous avez joué avec eux il y a 4 ans et vous avez pris Ed Kuepper pour vos dernières dates, en France on ne les voit quasiment jamais, que deviennent-ils ?

Ils ne jouent pas beaucoup en effet. Mais c’est vrai, comme les Ramones, ils n’avaient pas le look punk des anglais. J’ai trouvé et acheté à Adelaide leur premier album (i am stranded). Ils ont vraiment apporté quelque chose et d’ailleurs, nous avons joué avec eux à l’époque. Ils n’étaient pas forcément conscients de ce qui se passait alors. Ils avaient été rejetés par les maisons de disques australiennes. Mais quand leur disque est sorti en Angleterre, grâce à un journaliste, ils ont été classé « disque de la semaine ». . Aujourd’hui il n’y a plus que le chanteur et ce qu’ils font n’est pas très bon. C’est loin de leurs premiers albums.


Les Stranglers ont joué finalement assez souvent en Australie ; ce qui n’est pas le cas des autres groupes anglais de la même époque. Vous avez sillonné tous les pays d’Europe y compris les pays du nord, voir l’Islande. Par contre jamais en Amérique du sud , avez-vous des projets de partir jouer dans des endroits encore nouveaux pour vous ?

J’aimerais beaucoup jouer au Brésil et en Argentine. Au Mexique aussi où il y aurait un bon public « Stranglers » là-bas. Nous avons failli y aller plusieurs fois récemment mais la logistique n’a pas suivi !


Pour revenir aux Stranglers , vous sortez d’une tournée triomphale en Angleterre, tournée consacrée à l’album B/W, qui a eu cette idée et pourquoi jouer intégralement un album sur scène?

Je n’ai pas eu cette idée. Beaucoup de groupes jouent ce genre de concert concept. Mais c’est Sil notre manager qui a eu l’idée. Il voulait que nous fassions quelque chose en hommage à ce disque qui a changé beaucoup de choses pour nous. Cela a été un tournant pour le groupe. Et cela même si « Rattus Norvegicus » a eu un énorme succès dès sa sortie. Cela a été aussi un challenge technique pour nous. Nous ne sommes plus les mêmes qu’à l’époque ! Cet exercice nous a apporté également un peu de discipline. Par exemple, nous n’avions jamais joué « enough time » et le ré enregistrement la rend peut-être meilleure que la version d’origine. C’est un morceau difficile à jouer. La première semaine nous étions très concentrés sur ce titre. Impossible de se relâcher !


En France, nous sommes très fans de l’album « la folie », pas seulement pour le titre « la folie » mais parce que c’est un album magnifique, très lumineux, très mélodique. Avez-vous pensé à jouer cet album en intégralité ? Ce serait un superbe challenge à relever.

Ah ! Tu as semé une graine dans ma tête ! J’y songerai …


Lors de la dernière tournée française qui a connu un beau succès, vous avez joué dans des villes et des salles nouvelles pour vous : La Rochelle, Seignosse, Besançon, le public a répondu présent et était ravi de vous accueillir ; allez-vous poursuivre ce choix de découvrir d’autres endroits, d’autre salles ?

Oui absolument ! Il faut en faire d’autres. Nous devions aussi tourner en acoustique en novembre mais ça ne se fera pas ! Problème de logistique.


A Paris ou plutôt en province, par contre le choix était plus surprenant : aimeriez-vous rejouer prochainement dans la capitale et notamment au Bataclan ?

Je me rappelle de ces moments. Nous étions dans la période des attentats. A Strasbourg, le lendemain du Bataclan, il n’y avait personne dans la rue. Des policiers, des militaires mais personne d’autre. La ville semblait vide. Le soir, nous devions jouer…On se demandait si le public serait là ! Et le soir en question, la salle était pleine à craquer, nous avons même refusé du monde. Les gens voulaient continuer à vivre ! Philippe Manœuvre prépare une émission sur le Bataclan. Il m’a invité mais je n’irai pas car je n’ai pas d’histoires particulières avec cette salle. En fait nous y avons fait notre premier concert en France et il n’y avait personne….absolument personne !


Enfin dernière question, aurez-vous le temps de nous présenter un nouvel album ? et si oui, avez-vous déjà travaillé sur des titres ou sur une orientation, une direction musicale particulière ?

On va être obligé de se donner le temps. Nous voulons le faire. On verra cet hiver. On accumule du matériel avec Baz.



Stranglers-France tient encore une fois à  remercier chaleureusement JJ, pour son soutien permanent et sa disponibilité, pour nous aider depuis le debut de notre projet.

4 commentaires:

jj stranglers a dit…

Excellent .un regard pertinent sur loceanie et les stranglers, et une anlyse toujours aussi lucide ...

Anne Lu a dit…

Ouais, très sympa l'article! Et en plus, une discussion qui sème des graines est toujours une bonne discussion.... Bravo pour avoir décliné le plan Bataclan; ça devient malsain the business autour de cette salle. Quant à une tournée acoustique, ce serait vraiment vraiment intéressant.
Anne Lu

Anonyme a dit…

interview très intéressante !! merci encore
PS: les relations entre JJ et Manoeuvre sont elles revenues à la normale ?

FÉLINE a dit…

Grrrr je Hais la logistique !