lundi 25 avril 2016

“Black and White” piste par piste

Avec la tournée anglaise "Black and White", le blog français avait décidé de se mettre, lui aussi, au noir et blanc...
JJ a confié au Ratter blog ses souvenirs sur la création du troisième album des Stranglers. En voici la traduction, dans le cadre du mois Noir et Blanc, accompagnée d’extraits de concerts choisis au cours de la dernière tournée britannique.


Tank
Les paroles de Hugh avec ma musique, je pense. Je ne peux pas me souvenir de beaucoup plus à propos de cette chanson. Elle est difficile à jouer en concert pour Dave, en fonction de la quantité de Cognac qu’il a déjà descendu ! La totalité de l’album a été écrit à Bear Shank Lodge, à Oundle [voir article précédent]. C’était un hiver très enneigé. Tout le monde est rentré pour Noël sauf moi parce que je n’avais pas d’endroit où aller. Je suis resté tout seul à Oundle.


Nice’n’Sleazy
Sleazy parle de notre expérience avec les Hells Angels d’Amsterdam, à l’automne 77. Un des Finchley Boys a emmené ma Triumph à Amsterdam  et j’y suis allé avec le groupe. Les Hells hollandais nous ont bien traités, trop bien, et nous avons fini dans le club house qui leur avait été donné par le gouvernement pour qu’ils se tiennent hors des murs de la ville. Après le concert au Paradiso, je me souviens que Jet s’est rendu dans leur quartier général à l’arrière d’une Harley. J’y suis allé avec le président des Angels dans sa grosse voiture américaine et on s’est fait arrêter par la police. Il m’a confié un grand sac rempli de poudre blanche à garder pendant qu’il descendait de voiture pour aller pisser sur la roue avant de la voiture de police. De retour au QG, on a tiré sur une prison en construction. Plutôt effrayant !

Outside Tokyo
C’est une chanson de Hugh, même la musique. Normalement, toutes les valses sont de moi mais je ne me souviens pas d’avoir écrit celle-là. [Dans le livre qu’il a écrit pour expliquer les chansons, « Song by Song », Hugh croit pourtant se souvenir qu’elle est partie d’une ligne de basse de JJ ! Un autre mystère à éclaircir ?]

Sweden (All Quiet on the Eastern Front)
De nouveau, ma musique et les paroles de Hugh. A ce moment, on avait déjà connu quelques problèmes avec les Raggare (un mouvement de jeunesse suédois porté sur les 50’s qui roulait dans des vieilles américaines) et nous avions été ramenés à la frontière sous escorte policière, pour notre propre sécurité.

Hey ! (Rise of the robots)
A cette époque, on avait écouté Devo et nous pensions qu’ils tenaient quelque chose musicalement. Je me souviens d’avoir parlé à Lora Logix d’X Ray Spex (qui tient le sax sur la chanson) pour lui dire qu’elle devait se sentir libre de jouer ce qu’elle voulait. Nous cherchions la liberté musicale de Devo sur ce titre.

Toiler on the Sea
Je suis resté seul à Noël et c’est comme cela que Toiler est née. Toiler était un de mes instrumentaux épiques. J’avais écrit toute la pièce, toutes ses parties, pendant que les autres étaient partis et j’ai commencé à la répéter avec Dennis des Finchley Boys à la batterie. Je me souviens d’être allé dans le studio de répét’ sur place et d’avoir essayé de lui faire jouer la batterie. Quand Hugh est rentré après Noël, il avait passé de mauvaises vacances. Il était allé au Maroc avec une Japonaise et il a ajouté sa récente histoire d’amour ratée à ma musique, en rentrant.


Curfew
Ce sont mes paroles. On était en pleine période de Guerre Froide et j’essayais d’imaginer ce que ça ferait si les Russes envahissaient l’Ouest. Il y avait une peur générale que la Guerre Froide dégénère en invasion. On s’était rendu en Allemagne et nous avions réalisé qu’à cette époque, les Allemands étaient complètement fascinés par les Américains. Ils avaient perdu leur détermination et étaient devenus complètement pacifistes. Il y a des références au rêve américain. La chanson imaginait ce qui se passerait si ça commençait... Musicalement, on a pensé que ce serait malin d’ajouter une mesure en 5/4 dans la chanson.


Threatened
Un autre de mes texte avec la musique de Hugh. Une nuit, je suis sorti avec des gens qui avaient une opinion sur tout, ils avaient beaucoup d’idées arrêtées. J’ai pensé si quelque chose ne vous menace pas, à quoi bon avoir une putain d’opinion dessus ? voilà l’idée de base à l’origine de ce titre.

Do you wanna ?
Ma musique, les paroles de Hugh et le chant incroyable de Dave. Je ne me souviens pas qu’il m’ait expliqué la signification des paroles, cependant. Mais c’est définitivement un de mes riffs.

Death and Night and Blood (Yukio)
Elle est totalement de moi, le titre vient d’une citation de Yukio Mishima. C’était un être plein de contradictions : il était homosexuel mais marié avec des enfants ; c’était un auteur reconnu mais il voulait s’affirmer à travers son corps, ce qu’il a fait en devenant un culturiste et en pratiquant le karaté et le kendo. Il était aussi légèrement misogyne et avait une tendance fascisante. Il avait également sa propre armée privée : la Société du Bouclier, ce qui lui a permis d’avoir accès au bureau d’un général, au QG de l’armée, et de pousser à l’action la force d’auto-défense japonaise (qui n’avait pas le droit de s’appeler ‘armée’). Il s’est barricadé dans le bureau et s’est adressé aux troupes rassemblés mais son discours a été noyé par le son des hélicoptères et les huées des soldats. Il est rentré à l’intérieur et s’est suicidé par Hara Kiri. A l’époque, [Julie] Burchill et [Tony] Parsons [deux journalistes anglais du New Musical Express] ont écrit un livre titré « The Boy Looked at Johnny » où ils m’ont décrit comme un voyou homosexuel et nazi. C’est injuste, je ne suis pas un voyou !!! Ils faisaient partie des Socialist Workers [parti anglais d’obédience trotskyste] et dans leurs têtes, si vous n’étiez pas avec eux, vous étiez un fasciste. C’était typique de leur pensée.

In the Shadows
Ça a commencé comme une improvisation qui était, à l’origine, deux fois plus longue que la version finie : environ 12 ou 15 minutes ! J’ai passé à peu près 12 heures en studio avec Martin Rushent pour la raccourcir. Je voulais aussi ajouter une touche dub alors on a mis des effets delay et des coupures. On a improvisé les paroles sur la peur et la paranoïa. On voulait que ça sonne comme du Captain Beefheart, ce qui explique pourquoi on chante dans une voix aussi basse. On l’a enregistré à l’origine pour la face B de « No More Heroes » dans le but d’annoncer ce qui allait suivre. On pensait que ça convenait au concept de l’album « Black and White » parce que c’était sombre et que ça sonnait ‘tard dans la nuit’ donc on l’a aussi ajoutée à l’album. J’aimais bien cette chanson parce qu’elle représentait quelque chose de neuf, un vrai nouveau départ pour nous...

Enough Time
C’est toujours à propos de la même paranoïa, à propos de comment nous nous sentions dans l’époque que nous vivions, le zeitgeist. En fait, la totalité de l’album est assez paranoïaque. C’était aussi une conséquence du succès que nous avions connu, l’année précédente, et du fait que nous étions maintenant dénigrés par la presse. Ça s’est insinué dans notre conscience, c’était nous contre le reste du monde ! le code en morse à la fin signifie : « SOS, ici la planète Terre, on est foutu, veuillez nous conseiller. » On pensait être malins en envoyant ce message sous forme de morse... On l’a joué en concert à l’époque mais je ne me souviens pas comment on s’est débrouillé pour y arriver. On a essayé de le répéter pour le jouer pendant la convention de 2011 mais on n’a pas pu y arriver. C’est une des rares choses dont je ne sache pas comment on l’a écrit...


Crédit : Texte original en anglais publié sur le Ratter Blog, à cette adresse.

1 commentaire:

FÉLINE a dit…

Bon c est fini de nous faire baver? Des dates Françaises viiiite!