The Stranglers à Toulouse, le 10 novembre 2015.
Texte: Rattus from Toulouse - Photos: Yann Monesma (http://www.2lives.fr/)
Les Stranglers au Bikini :
la boucle est bouclée.
Ayant raté l'alléchant
Ruby Tour et sa setlist plutôt généreuse, au vu du formidable
témoignage livré par le live à l'Olympia 2014, c'était avec une
impatience semblable à la toute première fois que j'attendais ce
Bikini "2.0".
Arrivée sur place vers 19h30 avec des amis, pour l'instant, vraiment pas grand monde. Seuls quelques irréductibles Anglais, avec t shirts vintage en étendard et des têtes visiblement ravies. On apprend très vite que le gig affiche complet (ça n'avait pas été annoncé).
Assez rapidement, la porte
nous est ouverte et, à 20h et quelques, The Tanks monte sur scène.
Rien de bien mémorable, j'ai néanmoins vu pire dans cette salle, et
les deux derniers titres de leur set sont efficaces.
Il n'est pas même 21h que
la salle est déjà comble, balcon compris, et même si la moyenne
d'âge est assez élevée, je remarque peu à peu qu'un certain
nombre de jeunes ont pris place front row, là où l'action est
brûlante! (Différence majeure avec le dernier passage des
étrangleurs en ces lieux, le 07 avril 2012).
21h. A l'amorce de
Waltzinblack, l'excitation est bien présente. Quel plaisir
d'entendre à nouveau ce thème aux airs de musique pour cabaret
fantôme emplir l'espace!
Nos quatre MenInBlack ont
l'air en forme et démarrent immédiatement, avec le gimmick
reconnaissable entre mille de JJ qui s'avance vers les premiers rangs
pour envoyer les premières ,décharges sonores. Et là...
Eh bien, les cinq premiers
titres de la soirée m'ont fait sérieusement craindre la douche
froide. Le groupe est en mode pilotage automatique et la réception
n'est pas vraiment enthousiaste.
Ayant moi même en tête la
formidable intro de la tournée Giants (avec un enchaînement Burning
Up Time/Sometimes/Raven joué comme si leur vie en dépendait...),
leur version de Toiler avec Dave qui met des pains, et JJ qui semble
ailleurs, me laisse un peu sceptique.
Néanmoins, le son et la
performance sont au rendez vous, et on note tout de suite que Baz est
en grande forme, il met énormément d'énergie en ce début de set,
surtout sur Grip, envoyé avec une réelle conviction.
"Enfin, les
retrouvailles! Quatre paires de Doc Martens sur scène, let's rock!"
nous dit JJ avant d'entamer un I've Been Wild pas vraiment efficace,
et Curfew, balancé correctement.
A ce stade du concert, la
foule peine à sortir de sa léthargie, et la désagréable
impression d'être 4 dans la salle à connaître les morceaux se fait
ressentir.
Pour ma part, c'est la
version incendiaire de Relentless qui me fait entrer véritablement
dans le concert; je retrouve d'un seul coup le côté ténébreux, la
mélodie, le gros son de basse, bref cette aura Stranglers qui
faisait cruellement défaut aux 5 premiers titres! Magnifique chanson
portée par la voix grave de Baz, et, bon sang, les arpèges de
claviers sont toujours aussi énormes...
A cet excellent moment,
succède Nice N' Sleazy, absente du set en 2012, et là encore,
plaisir de constater que ce titre est taillé pour le live.
J'apprécie particulièrement la partie centrale, et le solo
épileptique de Dave, exploité par les frontmen pour s'approcher des
premiers rangs et dévisager la fosse avec un air légèrement
dégénéré...
Belles versions de Golden
Brown et Sun, la deuxième soulevant néanmoins davantage
d'enthousiasme.
Enchaînement classique suivi du "medley" Feline, MSD et European Female, dans une interprétation calquée sur la version studio mais très réussie. Le groupe semble aimer jouer ces deux là en France, et la réception est plutôt bonne, même si cela marque de nouveau une chute de tension dans ce set.
Si le groupe me convainc
moyennement sur ces titres MKI, la deuxième moitié du set est en
revanche le grand moment de la soirée, et j'ai la nette impression
que les quatre s'éclatent davantage sur des titres plus récents.
Freedom Is Insane: je la
voulais, celle là! Depuis la sortie de Giants, ce titre est allé
direct dans mon top 10, il y a tout : l'intro et son romantisme
murmuré par dessus le bruit des vagues, les superbes paroles,("It
seems the wind only knows your name") la fougue du refrain;
grand morceau, vraiment.
De plus, je constate que ces
nouveaux titres ne dépareillent pas avec les anciens, au contraire:
le Bikini se réveille! Time To Die et Norfolk Coast continuent dans
la même veine. J'ai toujours eu une affection particulière pour le
parlé/chanté de JJ sur le premier, et les visions apocalyptiques
qu'il dépeint.
Même s'il se plante à
plusieurs reprises sur les paroles, l'atmosphère, l'aura Stranglers
évoquée plus haut plane sur nos âmes, et la nonchalance de son
"Time... To Die" me colle des frissons. Je persiste: l'ami
Burnel a toujours un charisme incroyable. Je regrette: pourquoi
chante t-il si peu sur cette setlist 2015 ?
Le brulôt punk I Feel Like
A Wog met réellement le feu aux poudres, l'interprétation de Baz
est remarquable, je préfère cent fois ce titre à un énième 5
Minutes. En ce qui concerne Skin Deep, c'est une première pour moi,
et je suis emballé!
L'ambiance monte encore d'un
cran sur Peaches, certes souvent jouée mais absolument maîtrisée
par le groupe. M'est avis qu'elle est indispensable à cette fin de
set! (et puis, on se délecte toujours du magnifique "Oh
mewrde!" de Baz...) TOOOMS marche bien, Lost Control un peu
mieux, et Duchess lance des pogos dans les premiers rangs (Des
Anglais mais pas que!), avant que l'intro de No More Heroes ne signe
la fin impeccable de ce set principal.
Petit intermède
linguistique lorsque Baz récite des noms de vins pour montrer à
quel point son français est bon, suivi des remerciements
enthousiastes à Hervé (Sansonetto, le directeur de la salle); le
groupe semble apprécier le Bikini, JJ va même jusqu'à parler de
"la meilleure salle de France".
Rappel de trois titres, les
tubesques ADAAOTN et Tank, qui restent de bons moments, et surtout,
le grand frisson lorque l'explosion finale de Tank dégénère en un
Goodbye Toulouse inattendu et apocalyptique.
Il n'y a qu'à voir le
tableau: Mc Cauley martyrise ses fûts avec la délicatesse d'un
bûcheron sous amphés, Dave (et ses grimaces de vieil alchimiste)
convoque l'orgue infernal, ses arpèges évoquent un manège
détraqué. Là, devant nous,dans l'air, il matérialise la prophétie
de Nostradamus. Burnel, l'air plus badass que jamais avec son jeu de
jambes à-la-Raven et son puissant riff de basse nous ramène aux
plus belles heures du groupe. Quant à Baz, je me rappelle l'avoir vu
parler de GT comme de son titre favori des Stranglers, et c'est une
évidence: il a la formule qui fera de ce titre l'apothéose du
concert: l'hommage final des Stranglers à la Ville Rose. Le moment
est parfait et digne du groupe!
22h45, le set touche à sa
fin. Conclusion:
début de set en dents de scie, un JJ plus effacé que d'habitude,
pour des Stranglers qui semblent prendre davantage leur pied sur les
morceaux "plus récents" du répertoire que sur les
standards du MKI du type Toiler/Straighten Out/Curfew...
Le MK IV a encore de
l'énergie à revendre et demeure un excellent groupe de scène, au
delà de toutes considérations sur la setlist, très
conventionnelle, et le côté "mécanique" de
l'interprétation.
Un des concerts de l'année,
assurément!
1 commentaire:
Excellent commentaire moi aussi freedom is est un de mes morceaux préférés , merveilleux strangls , j etais à Rennes et dans mon intérieur j y suis encore...
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