samedi 29 août 2020

Des Singles et des Hommes (en noir) : de 1990 à 1998

Une chronique proposée par Youz  - 5/6

En ce milieu d’année 90, le groupe est au bord de l’implosion...Hugh a signifié son départ au lendemain du concert à l’Alexandra Palace le 11/08/1990 , les trois autres, JJ, Dave et Jet, hésitent à continuer, pensent aussi à changer de nom tout en restant ensemble...Le guitariste, en la personne de John Ellis, est déjà là...Mais qui va avoir la lourde tache de chanter les textes à la place de Hugh ? Les parties de basse de JJ et sa motivation condamnent cette option.... Ils passent une annonce, testent plusieurs chanteurs...sans succès... 
Et puis la lumière va venir, non pas de Laurent Blanc, mais de Paul Roberts, jeune chanteur inconnu, qui s’auto- proclame « nouveau chanteur des Stranglers », et qui va s’approprier le répertoire de Hugh mais aussi celui de JJ, ne lui laissant que des bribes à se mettre sous la dent, « European female » ou « Death & Night & Blood »par exemple...

Cette période n’est certainement pas la meilleure du groupe, rétrospectivement.

Les claquements de doigts, les mouvements de tête et la voix du sieur Roberts vont m’horripiler au fil des années, mais à sa décharge, je pense que son énergie, sa fougue et sa jeunesse ont sauvé le groupe du split à l’époque, et d’avoir eu l’opportunité de voir le groupe dans de minuscules salles, des bistrots parfois, d’assister à des concerts où le groupe est à 1 mètre de toi, sur une scène haute de 50 centimètres n’a pas de prix...Je me souviens aussi qu’à l’annonce du nouveau départ du groupe m’être dit « comme ça j’aurai 2 stranglers maintenant »...Cornwell d’un coté et les stranglers de l’autre..

Et puis, même si les albums semblent plus faibles, pour ma part j’ arrive quand même à sauver 3 ou 4 chansons par album (Time to die, Still Life par exemple...) et leurs face B semblent à mon goût supérieures aux albums eux-mêmes..C’est ce que nous allons voir ensemble...

En 1992, sort le 1er single de l’ère post-Cornwell, « Heaven or hell » en single version, morceau bien stranglersien à mon goût, qui ne dépareille pas avec le passé. Etre toujours évolution, voilà ce qui pourrait les définir. Une basse bien sentie, une mélodie accrocheuse. « Vicious circles » en face B, morceau et basse bien sautillants .L’influence du nouveau chanteur se fait sentir de manière notable, morceau plus pop, mais toujours un sens de la mélodie intact, avec « Brainbox » en live morceau tiré de l’album « in the night », une énergie de bon aloi, une petite ritournelle aux claviers, une guitare qui se démarque du son Cornwell mais rien d’exceptionnel en fin de compte...
Il existe une version limitée du single avec deux CD avec « Heaven or hell »extended version, « coffee shop », un autre inédit bien pop, « c’est la nouvelle marque du groupe »?, la basse est toujours là pour nous rappeler à qui on a affaire, Jet Black s’en donne à coeur joie dans les roulements, Dave se fait discret afin de ne pas surcharger la mélodie, accaparée par la guitare et la voix. Un 3ème morceau est présent, « Hanging around »en live... C’est autre chose la voix, il faut faire son deuil de Cornwell....aussi bien au chant qu’à la guitare...si on veut continuer à les suivre.
Sur la version maxi 45 tours, un autre inédit, « Disappear »...Par rapport à avant, où la mélodie était créée par le mélange de tous les instruments, dorénavant c’est le chant qui fait la mélodie et les instruments paraissent juste là en soutien...
Puis sort un autre morceau tiré de l’album « in the night », « sugar bullets », la version de l’album plus une extended version (ça semble être la mode du moment), et « so uncool », qui me fait penser à « instead of this », avec des intonations à la Burnel au point de se demander si ce n’est pas lui qui chante par moments...
Puis ils publient un nouvel album, « About Time » en 1995 dont est tiré un unique single « Lies & Deception » une valse écrite par Jet Black, suffisamment rare pour être souligné.avec « Swim » en face B, une ligne de basse riche à souhait, une guitare cristalline, un clavier avec des parties en arpèges, ce qui est de plus en plus rare, bref pour moi le meilleur morceau de l’ère Paul Roberts, un 3ème morceau, Cool Danny »,dans l’esprit de l’album, rien de bien révolutionnaire...
Il existe une version limitée de deux CD, qui reprend le vinyle sur le 1er CD, avec encore « lies & Déception » sur le 2ème CD, « Kiss the world goodbye », un inédit atypique avec une ligne de basse comme JJ en a le secret qui porte le morceau, puis « bed of nails », un autre inédit, qui commence avec le clavier, et encore le chant qui impose la mélodie, encore très pop, trop ? En 1997, sort « Written in red »...L’ impression, avec le recul, est que Paul Roberts et John Ellis tentent de prendre le pouvoir, les morceaux sont de plus en plus pop, les claviers de plus en plus discrets, même JJ semble en roue libre...De cette période ne sortira qu’un single « In heaven she walks », un des 3 ou 4 morceaux de l’album méritant qu’on s’y attarde...Deux morceaux des débuts du groupe sont ajoutés en live, « Grip » et « Something better change ». A noter qu’une version CD avec « poche de sang » existe avec une version live de « Golden Brown » et une extended version de « In heaven she walks » Rien qui ne mérite de commentaires dithyrambiques...

En 1998, sort « Coup de grâce ».. tellement étrange, tellement anachronique qu’aucun single n’en est tiré..Il est pour moi, a posteriori, le symbole de la lutte d’influence entre P. Roberts et John Ellis d’un coté et JJ Burnel , Dave Greenfield et Jet Black de l’autre, et de leur vision divergente de la direction que doivent prendre les Stranglers... 

Qui va gagner ? Vous le saurez dans le prochain et dernier épisode des souris et des hommes (quoique des rats...)

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6 commentaires:

Anonyme a dit…

Toujours aussi intéressant, merci Youz.

Hervé

Anonyme a dit…

Dur avec Paulo... C'était quand même un sacré frontman et un bon chanteur. Mais ce n'était pas ce lâcheur de Cornwell. PR a dit un jour qu'il aurait été plus facile de remplacer Mick Jagger... il a pas vraiment tort vu l'intransigeance de certains fans.

Anonyme a dit…

Je ne vois pas ou je suis dur avec Paul Roberts ? je suis le 1er à dire dans l'article qu'il a sauvé les stranglers du split...Je suis d'accord avec toi pour dire que c'était un sacré frontman et un bon chanteur..De dire qu'il m'ait horripilé au fil des années n'est pas un jugement sur lui..Par contre quand tu dis "ce lâcheur de Cornwell", c'est moi qui te trouve dur...Il a le droit de penser qu'il a fait le tour du sujet, il peut avoir envie de se réaliser autrement..Avoir un avis, même négatif sur P.Roberts n'occulte pas tout ce qu'il a apporté au groupe et dont je le remercie d'ailleurs...Et je ne fais pas partie de ces fans intransigeant......Je ne suis pas convaincu qu'il aurait été plus facile de remplacer Jagger, mais peut être aussi difficile...

seb aka fakor a dit…

Toujours très instructif! J'ai beau adorer les stranglers, j'ai toujours zappé cette période de leur carrière. En tout cas merci pour ta plume toujours passionnante Mr Youz!!

Bladerunner a dit…

Période faste pour ma part, la tournée "In the Night" outre Manche restera inoubliable avec un concert d'anthologie au "Glasgow Barrowland" et la rencontre du groupe à Manchester. Paul souvent décrié
a apporté, à l'époque, un nouvel élan et un brin de folie lors d'innombrables concerts donnés dans des lieux les plus insolites, n'est ce pas Youz?

Anonyme a dit…

oui, oui je confirme..c'est ce que je dis dans mon papier...S'ils sont encore là en 2020, c'est du en partie à Paul Roberts...
Youz