vendredi 29 janvier 2021

JJ et des cordes (sans théorie)

Des nouvelles… en visioconférence : "JJ Burnel chats about The Stranglers' new record, his influences, & speaker-ripping tone".

En l’absence de tout concert, le groupe continue à préparer l’album et… à donner des interviews. Vous trouverez ici la transcription d’une interview donnée par JJ pour la marque de cordes Rotosound et diffusée via YouTube, il y a quelques jours. L’occasion d’en apprendre un peu plus sur le futur album…


L’année 2020
Je me suis débrouillé pour rentrer d’Auckland, où nous étions avec le groupe, juste 3 jours avant le confinement français. A cette date, nous avions enregistré 90% de l’album mais nous devions compléter certains morceaux. Ce n’est pas la même chose en visio qu’en face à face ; nous avions l’habitude de louer une maison, au moins avec Baz, pour travailler sur nos idées initiales. Et puis en mai, mon plus vieux collègue et ami, Dave est mort alors ça m’a stoppé net pendant quelques semaines. Et ensuite, j’ai soudain ressenti l’urgence de terminer le travail. La majorité des parties de claviers de Dave étaient enregistrées bien que sous une forme « brute » mais heureusement, nous avions beaucoup répété en studio lors de ces premières prises, ce qui donne toujours une meilleure idée des arrangements. On essaye de jouer sans regarder nos instruments, d’un côté cela engendre des mauvaises notes mais d’un autre côté, cela nous donne plus de liberté. Ça prend du temps d’arriver à un point où on joue sans paraître faire d’effort. J’insiste beaucoup sur les répétitions car plus on joue un morceau, plus on le comprend et plus on peut bouger les parties à l’intérieur pour le faire mieux sonner. J’ai trouvé un petit studio ici, dans mon village mais ce n’est pas la meilleure façon de faire les choses.

Rat chat
Baz et moi discutons presque tous les jours, parfois plusieurs fois par jour, par visio pour parler des chansons que nous jouons mais aussi de ce qui se passe dans le monde d’où l’idée des « rat chats ». Par exemple, récemment, nous avons discuté de la Biélorussie et de ce mouvement engendré par les femmes contre la dictature ; nous avons fait un morceau qui s’appelle « Sisterhood » dont je ne sais pas s’il apparaîtra sur l’album mais ça nous paraissait important de les soutenir. Des choses comme ça vous inspirent. Les infos vous tirent dans différentes directions suivant leur intérêt propre ; les infos sont polarisées, spécialement en Grande Bretagne où le Telegraph ou le Mail supportent un parti et le Mirror, un autre. Donc les nouvelles sont toujours un peu orientées, biaisées. Un célèbre éditeur de presse disait : les opinions sont gratuites, la vérité coûte un peu plus cher. Je pense que c’est notre devoir en tant qu’artistes d’amuser, d’informer et de refléter le monde dans lequel nous vivons. Les artistes devraient être capables de parler de n’importe quoi, que ce soit de choses privées comme publiques.
[Trois rat chats ont été enregistrés et diffusés via Facebook]

Punk et British blues boom
Je pense qu’une majorité des groupes de notre époque étaient socialement conscients. Je m’identifiais au punk au début, je ne pense pas que c’était le cas des autres, mais j’ai fini par trouver que c’était restrictif sur le plan créatif et nous ne voulions pas nous restreindre créativement. J’aime le classique, j’aime le jazz, j’aime le funk, j’aime le rock, plein de musiques et les artistes veulent être libres de s’exprimer et de prendre des influences à droite, à gauche. Quand j’étais jeune, j’ai été très influencé par le British blues boom (Peter Green, John Mayall). Je suis même allé voir les Stones jouer à Hyde Park depuis Guildford, sur mon scooter Lambretta, avec ma petite amie de l’époque. Je devais avoir 16 ans. Cette période a produit quelques uns des plus fameux guitaristes (Jeff Beck, Jimmy Page, Eric Clapton) et ils sont tous Britanniques. Et cette exportation de talents est en train d’être sabotée par le Brexit, je ne crois pas que le gouvernement l’ait compris.

Le son actuel et passé
Je pense que mon son, à l’heure actuelle, provient de la combinaison de 4 choses : le médiator, les cordes Rotosound, la guitare Shuker et les amplis Ashdown mais occasionnellement, je n’ai pas besoin que le son soit aussi dur, alors j’utilise les doigts et j’adoucis mon son. C’est pendant l’enregistrement des deux premiers albums, vers la fin, qu’on a réalisé qu’il y avait une déchirure à l’intérieur d’une de mes enceintes ce qui donnait ce son particulier. Ensuite, on a essayé de le répliquer, juste grâce à la manière dont je joue.
C’est la première fois en 40 ans que je reste aussi longtemps à la maison et ça m’a donné l’occasion de retourner à la guitare classique. Je compose aussi souvent sur une guitare semi-acoustique.
[en réponse à une question d’auditeur] La ligne de basse la plus dure à jouer sur le plan de la mémoire serait « Genetix » mais c’est encore jouable, sinon « Baroque Bordello » est assez complexe et pour mettre les doigts au bon endroit, ce serait « Goodbye Toulouse ».

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Retrouvez l’interview vidéo (en anglais) ici : https://youtu.be/oNgPnZchuU8

5 commentaires:

Stranglers1234 a dit…

Excellent travail ! Merci pour la traduction. En écoutant l'intégralité sur youtube, avec le son assez moyen, je n'avais pas tout compris… Effectivement, en ce qui concerne les lignes de basse et leurs difficultés pour les avoir rejouées, je confirme : même constat. " Genetix" est particulièrement ardue…(je n'y arrive toujours pas, snif…) surtout sur la partie chantée vers la fin. JJ, un génie à la basse.

Hervé

Anonyme a dit…

Merci pour la traduction, j'ai écouté aussi sur youtube, mais pour moi c'est mon anglais qui devient de plus en plus mauvais..y'a 30 ans je me débrouillais bien mais maintenant....j'avais peut être compris 20%....
youz

seb aka fakor a dit…

merci pour la traduction, super boulot! J'ai toujours adoré la ligne de basse de Baroque Bordello, très changeante au début du morceau.. Je comprends que JJ dise qu'elle soit complexe!

Feline a dit…

Du soutien aux femmes ! C’est génial 👍
À plus tard en France
Féline

Unknown a dit…

Jean-Jacques, tu es mon heros. Je sais que cela semble niais mais depuis toujours, tu me fascines et j'ai 59 ans. J'ai grandi en France et j'ai emigre aux States il y a 37 ans. J'ai tous les albums des Stranglers et "Un jour parfait", je voudrais tant te rencontrer. Tu es notre seul rocker francais!
J'attends le nouveau LP des Etrangleurs tel une jeune mariee en chaleur. Je sais que je ne serai pas decu.
Take care!