jeudi 2 mai 2013

Aural Sculpture

Deux ans viennent de passer depuis la sortie d'une étrange mélopée, froide et sophistiquée. Cet air du nord, porté par des nuages de notes électroniques zébrées d’éclairs acoustiques porte un nom dont la symbolique nous ramène aux grandes heures des rats et des corbeaux. Je veux parler de ce félin qui en 9 titres glacent l’auditeur et l’enveloppe d’un long manteau mélodique, mystérieux et envoutant. Féline ou l’art de conjuguer Kraftwerk au baroque, Sakamoto à Satie et l’Andalousie aux  lacs embrumés des hautes terres. ..
Pour succéder à ce joyau électro acoustique, les Stranglers fidèles à leur réputation renversent la table et  produisent un autre concept, diamétralement opposé au précédent. 

Exit la panthère souple et musclée et place à une Sculpture Auriculaire dont l’ambition est de démontrer que le groupe a aussi le sens du rythme, du swing, et cela  même si cette soul sera stranglérifiée comme tout objet sonore passant dans les mains de ces alchimistes sans scrupules ! Rafales de cuivres, orgue  et chant tout en délicatesse, le groove de ce groupe soi disant incapable d’éclaircie musicale, d’humour autre que vachard ou restreint par un spectre musicale techniquement limité sera la réponse audacieuse que les Stranglers opposeront au risque possible  d’un enlisement aussi  confortable que peu glorieux.

Je dois reconnaître avoir été perplexe par l’annonce de leur nouvelle orientation musicale. Pas vraiment convaincu à la première écoute. Sans les repères habituels (basse et synthé), égaré dans cette nouvelle architecture cuivrée …je cherche un peu perplexe cette marque de fabrique si particulière qui pourtant se dévoilera sournoisement au fil d’écoutes plus attentives.

A l’évidence, le premier single, malgré sa qualité intrinsèque,  ne s’impose pas. Et les autres qui suivront (« no mercy » et l’excellent « let me down easy ») fautes d’une première locomotive radiophonique, n’élargiront pas davantage l’audience du groupe. Le succès reste modeste après les coups de griffes de Feline au box office et cela alors que le public français retrouve le groupe pour une vaste tournée européenne qui passera par 14 dates dans l’hexagone.

De mon côté, la platine tourne à plein régime et la lecture de nombreuses interviews achève de me convaincre que ce pari osé est en passe de réussir. Non ce groupe ne se répète pas ! Au contraire, les Stranglers prennent des risques, se  mettent en danger et n’hésitent pas à renouveler leur empreinte musicale, quitte à casser leur image de groupe ténébreux et pour certains plumitifs de définitivement glauque !

Féline n’aura pas de successeur, la panthère restera orpheline d’une suite prévisible et au final sans intérêt pour ceux qui connaissent et apprécient vraiment le groupe. Les Stranglers ne capitalisent pas ….Ils changent d’air, d’horizon, bousculent  sans prévenir leurs fans et bouleversent encore une fois   l’ordre délicieusement chaotique de leur discographie
« Punch and Judy » , « Ice queen »  ou « Soul »  attestent que le groupe maîtrise son  nouveau périmètre musical tout en conservant quelques collages maison ,  format  épique (« northwind »)  ou dans un style plus rageur (« Uptown »).

La nouvelle semence est ambitieuse, riche et sans concession. La production de Laurie Latham totalement en phase avec le nouveau mode opératoire du groupe.
Les Stranglers se marrent, prennent du plaisir et l’annoncent haut et fort : "ni putes ni charlatans...", ils viennent annoncer la tête haute qu’ils peuvent tout jouer … (voir Le Manifeste …).
Pris à revers, les fans comme les critiques devront bien admettre que le groupe ne temporise pas. Au contraire, avec une salutaire arrogance, ils renvoient tous les autres à leurs études !

La tournée qui suivra en France sera mitigée. Pourtant, l’évolution scénique est nette : micro clavier, drap blanc sur scène, section cuivres en ouverture, jamais le groupe n’aura autant innover. Contrairement aux concerts britanniques qui demeurent toujours aussi intenses, le rendez-vous avec le public français de la tournée hexagonal restera comme inachevé. Présent à Lyon, à la Halle Tony Garnier, je constate que le public reste un peu en dedans, loin de l’agitation des précédents concerts feliniens.

Aural Sculpture était un pari, celui de montrer que le groupe pouvait pulser et donner aussi un peu de moiteur à certaines ambiances musicales (Laughning).
Il précédera un album plus convenu qui lui sera inversement tracté par un single qui montera haut dans le top 50 d’alors, (« Always the sun »). Cet album, réussite nationale  à tout niveau,  amorcera la nouvelle orientation du groupe, plus pop et peut-être aussi plus grand public. L’album  « Ten » qui suivra, malgré quelques très bonnes chansons, en fera les frais. Alourdi par une production pesante et ampoulée, ce disque destiné au grand débarquement outre atlantique, signera inéluctablement la fin d’une certaine époque, celle notamment avec Hugh.

« Aural Scupture »  reste près de 30 ans  plus tard, un bel album, enregistré et joué  avec panache. Il fallait oser …


par Stef1



Titres


Ice Queen - 4:01

Skin Deep - 3:54
Let Me Down Easy - 4:10
No Mercy - 3:38
North Winds - 4:03
Uptown - 2:58
Punch and Judy - 3:45
Spain - 4:14
Laughing - 4:14
Souls - 3:24
Mad Hatter - 4:00

Lors de la réédition en CD de 2001, huit titres bonus ont été ajoutés :
Here and There
In one Door
Head on the Line
Achilles Heel
Hot Club (riot mix)
Place de Victoires
Vladimir and the Beast
Vladimir Goes to Havana

https://fr.wikipedia.org/wiki/Aural_Sculpture

5 commentaires:

Anonyme a dit…

à quand un article sur Feline: 1983-2013, 30 ans déjà !

Anonyme a dit…

il y a déjà 6 lignes là ....c'est un début

Stranglers France a dit…

Comment ça "6 lignes..." ??
Pour la suite du billet, il suffit de cliquer sur "Plus d'infos »" --- Sinon ça sert à quoi que Stef1 se décarcasse ?

Anonyme a dit…

6 lignes sur l'album féline je répondais au commentaire précédent ...
l'article c'est sur Aural sculpture et j'ai bien cliqué sur "plus d'infos"

Stranglers France a dit…

Concernant l'idée d'un billet pour fêter l'anniversaire du félin.... l'idée nous taraude en effet.

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