Réédition des premiers enregistrements des Stranglers

Le 5 mars, est sorti en toute discrétion, un CD regroupant des enregistrements datant de 1974 à 1976. Intitulé « In the beginning 1974+1975+1976 Demos + Live recordings », il s’agit en fait de la ré-édition d’un disque paru en 1992, pour la première fois, sous le titre « The early days 1974.1975.1976 Rare, live & unreleased ».  

Et que trouve-t-on sur ce disque ? Rien moins que la trace des débuts (parfois maladroits) des Stranglers, sous forme de démos ou d’enregistrements live.

Démos de 1976, probablement enregistrées au studio Pebble Beach, Worthing, Sussex, en juillet

• Get a Grip on Yourself
• Bitching
• Go Buddy Go

En 1976, les projets de disques commencent à se préciser et trois nouveaux labels sont approchés : United Artists qui ne donne pas suite dans un premier temps, Arista qui paye les démos enregistrées les 11 et 12 juillet 1976 au studio Pebble Beach et CBS qui conduit une étude de marché dont la conclusion est négative. Il faut dire que les trois démos ci-dessus souffrent d’un son crasseux qui les fera rejeter par Arista. Ce qui frappe surtout, à l’écoute de ces versions, c’est leur lenteur et le fait que les deux chanteurs... chantent. Mais leurs qualités essentielles sont déjà là : maîtrise instrumentale, sens de la mélodie, originalité du son, arrangements soignés. C’est la rencontre avec les autres groupes punks ou pub rock qui va les inciter à accélérer le tempo, particulièrement en concert. Quant au fait que le chant s’est brusquement transformé en vocifération, Hugh Cornwell a une explication pleine d’humour qu’il donne à la journaliste Caroline Coon, en 1977 : « Je pense que la manière dont je chante actuellement provient de ce que nous avons vécu. Nous nous sommes battus pendant 3 ans et ce n'est que maintenant que nous allons quelque part. (...) Nous avons connu des frustrations et des déceptions et nous avons vu les mauvais aspects de la vie et la manière pathétique dont les gens se conduisent. On est habituellement le produit de son environnement. J'avais une voix angélique auparavant ! »

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Enregistrement live datant du 23/10/1976, Hammersmith Odeon, Londres 

• Get a Grip on Yourself
• Sometimes
• Bitching
• Peasant in the Big Shitty
• Hanging Around
• Peaches
• Ugly
• Down in the Sewer
• Go Buddy Go

Grâce à leur partenariat avec l’agence de booking Albion, les Stranglers ont dégoté la première partie d’un double concert de Patti Smith, à l’Hammersmith Odeon. Ils ont déjà fait la première partie de celle-ci, en mai, pour sa première tournée anglaise et sa première apparition dans la capitale britannique, cette fois ci à la Roundhouse. Le concert d’octobre, quant à lui, a fait l’objet d’un enregistrement. L’hebdo spécialisé anglais Sounds consacre aux quatre de Guildford un bout de la critique du concert de Patti Smith en écrivant : « [Les Stranglers] se sont beaucoup améliorés depuis ma dernière expérience avec eux et il y a plein de choses à recommander dans leur jeu, particulièrement celui de Jet Black. Mais je trouve la référence aux Doors lassante et le sujet de leurs chansons inintéressant. Néanmoins, à chaque démarrage d’une chanson, je pouvais me souvenir de l’air en entier ; ne les ayant entendues qu’une fois auparavant, ça dit quelque chose de leur pouvoir de rester en tête. » 

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Démos enregistrées au studio TW, Fulham, Londres, probablement durant le premier semestre 1975 (et non pas 1974 comme stipulé dans les notes de pochette)

• Wasted
• Strange Little Girl
• My Young Dreams 

En mars 1975, le label de reggae Safari Records (un petit label qui n’a pas encore beaucoup de sorties à son actif) a signé le groupe et payé leurs premières séances d’enregistrement dans un vrai studio : TW. Ouvert en 1972, c’est un petit studio 16 pistes utilisé surtout par des groupes débutants pour enregistrer leurs démos. C’est bien sûr là que les Stranglers enregistreront leurs trois premiers albums. Alan Winstanley en est le très compétent ingénieur du son. Les trois titres enregistrés sont trois compositions de Hans Warmling sur des paroles de Hugh Cornwell pour les deux premières, la dernière est un poème que JJ Burnel a écrit à l’adolescence. Le label a prévu de publier un 45 tours en avril mais les semaines passent et rien ne sort. Jet a expliqué dans la biographie sortie en 1997 : « Safari était techniquement une maison de disques mais en réalité, ça n’en était pas une. C’était un gars assis dans un bureau cherchant un moyen de faire du fric rapidement. Il signait des artistes et ne faisait rien jusqu’à qu’il voit quelqu’un d’autre s’intéresser à eux. Il espérait alors en tirer profit et faire de l’argent. »  
Ecoutez bien ces titres : le pianiste qui joue dessus n’est pas Dave Greenfield, arrivé en août 1975, mais Hans Warmling lui-même.

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Enregistrement live datant de novembre 1975 et d’un concert au Railway Tavern, à Redhill, près de Londres

• Princess of the Streets

Le concert a été enregistré par Hugh Cornwell sur un petit magnétophone (d’où les bruits ambiants…). A cette date, Dave est arrivé. Il est intéressant de constater que ce titre ne bougera presque pas jusqu’à son enregistrement un an plus tard, pour l’album  « Rattus Norvegicus ». Seules petites différences : un rythme un peu plus lent et la répétition du dernier vers a capella par le groupe, coda qui sera probablement coupée au montage par le producteur Martin Rushent lors de l’enregistrement de l’album.

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Inutile de dire que ces enregistrements sont de précieux témoignages à la fois de l’évolution du groupe au cours de ses premières années d’existence et des transformations subies par certaines chansons qui se retrouveront ensuite sur vinyle. Chaudement recommandé si vous ne l’avez pas déjà…
Avertissement : les dates d’enregistrements des démos sont incertaines, proviennent de divers recoupements personnels et sont parfois en contradiction avec les notes de pochettes et souvenirs du groupe !