mercredi 6 décembre 2017

The Classic Collection : Bordeaux, le 2 décembre 2017

Tout au long de la tournée 2017, les envoyés spéciaux de Stranglers-France vont vous faire vivre les concerts. Ambiance, set-list, anecdotes, les fans prennent la plume et disent tout...
...par Cécile


Et le Krakatoa entra en éruption… Oui je sais, c’est facile. La vieille salle de concert de Mérignac, entièrement refaite à neuf depuis la dernière fois où j’y ai foutu les pieds, s’est parée des couleurs rouge et noire, assorties à la bâche qui orne le fond de la scène. Le décor de gratte-ciels conçu, entre autres, par Jim Macaulay pour la dernière tournée britannique, annonce un concert nerveux, urbain, chaud comme l’intérieur d’un volcan.

Il est 20h30 quand je pénètre dans la salle et Mike Marlin alias The Melomaniacs déroule ses accords planants au-dessus des têtes présentes. La salle est déjà bien garnie de vieux, voire de très vieux, punks à l’allure de papies mais oh surprise, il me semble que le ratio de jeunes est un peu plus élevé que sur les tournées précédentes. C’est bon signe, signe qu’il y aura au moins un peu d’agitation parmi le public et de fait, pendant tout le concert, les seuls à danser un peu seront les jeunes, quelques ladies d’un certain âge et les rares Anglais présents.

Un mot de la première partie tout d’abord : je n’avais pas gardé un très bon souvenir de Mike Marlin qui avait fait l’ouverture de la tournée 2012 mais j’ai l’agréable surprise de constater que ses compos se sont améliorées. Cependant, comme l’a souligné Nicolas dans son excellente chronique du concert de Paris, son style tranche bizarrement avec celui des Stranglers. Le public bordelo-mérignacais lui réserve un accueil sympa et somme toute mérité. Mais enfin, il est temps de passer aux choses sérieuses.

Pendant que les techniciens finissent de préparer le plat de résistance, un soupçon d’impatience, que je dissipe en faisant les cent pas, commence à me gagner. Un coup d’œil à la scène et je constate que les roadies aussi ont bien rajeuni ; je ne reconnais pas les têtes habituelles. Décidément, un vent de jeunesse souffle sur les 43 ans des Stranglers.

« Waltzinblack » annonce enfin le retour du groupe à Bordeaux où il n’avait pas joué depuis 2012. A peine le temps d’enfiler mes boules quiès (ben oui, mamie vieillit) et le trio « Toiler on the sea », « Was it you », « Sometimes » déboule comme un chien dans un jeu de quilles. C’est dit : le groupe a choisi la manière forte cette année. Finies la nostalgie de la tournée d’anniversaire 2014 ou les expériences de la tournée britannique Black & White, mesdames et messieurs, place au Rock’n roll. Seul bémol : la guitare de Baz qu’on entend mal sur le magnifique solo de « Sometimes ».



JJ nous dit bonsoir en ajoutant que nous n’avons pas l’air si bourgeois que cela et en annonçant, clin d’œil à la LGV, que tous ses amis parisiens lui ont dit qu’ils allaient venir s’installer à Bordeaux ! Il a l’air beaucoup plus décontracté et heureux que sur les deux tournées précédentes. La perspective d’un prochain album peut-être ?

Le groupe enchaîne avec « Grip » puis « 15 Steps » qui, retravaillée et allégée, prend un petit air de bande son pour film d’horreur assez réussi. Dave notamment s’en donne à cœur-joie dans cette nouvelle version. Détail amusant, sur le pont de « Nice’n’Sleazy », les synthés partent vraiment en vrille, renouant involontairement avec la genèse du titre (la légende prétend en effet que c’est un ingénieur du son maladroit qui est à l’origine des distorsions que l’on entend sur la version de l’album).

Comme on est en France, le groupe a prévu un intermède romantique : « Midnight Summer Dream » enchainée au millimètre avec « European Female » suivie de « Always the Sun » (1ère ovation, les téléphones s’allument) puis de « N’emmènes pas Harry/Don’t Bring Harry » puis de « Golden Brown » (2ème ovation, un couple danse à côté de moi). Titre rarement joué en concert, « Harry » est une petite attention que JJ voulait faire à son pays d’origine. Comme avec « La Folie » il y a quelques années, il a revu son interprétation vocale et croone littéralement et vous savez quoi ? c’est formidable.

Baz annonce en anglais les fiançailles de Lee ( ?) et Kate ( ?), deux Britanniques venus assister au concert. Dave embraye sur une Marche nuptiale qui vire, au bout de quatre mesures, à la Marche funèbre ce qui a le don de faire exploser de rire le guitariste. La température commence à monter dans la salle et ce n’est pas la suite du programme qui va la faire redescendre.

Pour faire la transition avec ce double épisode romantique, les Stranglers ont décidé de mettre « Bear Cage » au programme. Et alors là, je me demande (tout en connaissant la réponse) : pourquoi mais pourquoi ne l’ont-ils pas fait auparavant ? « Bear Cage » est un grand titre live magnifiquement interprété par un Baz qui vient se couler dans les pas de son auteur-compositeur (en l’occurrence… Hugh). La basse gronde, la batterie alterne entre martèlements frénétiques et roulements subtils et le son aigrelet des synthés vient couronner le tout.

« Walk on By » est irrésistible comme d’habitude puis le groupe revient aux fondamentaux rock’n roll : « Relentless », « Peaches », « Norfolk Coast », « Hanging Around », « 5 Minutes » et « Tank » sont enchaînées sans temps mort. Les deux dernières en particulier méritent une mention par la férocité du chant de JJ sur « 5 Minutes » et le numéro de Jim sur « Tank ». Il est clair que celui-ci apporte une énergie folle au concert. C’est à ce stade que je commence à comprendre pourquoi de nombreux fans de hard rock/heavy metal suivent le groupe depuis des années. Les Stranglers, ce n’est pas du heavy metal mais ça en a l’intensité et parfois même la violence. Prochainement au Hellfest ?

Après une courte pause, le groupe revient pour deux rappels : les très attendus « Go Buddy Go » (1-2-3-4 s’époumonent les quelques Britanniques présents) et « No More Heroes » sur l’intro de laquelle JJ prend le temps de dédicacer un album qui lui a été tendu par un spectateur du premier rang, tout en faisant résonner sa basse. Puis, les quatre hommes en noir viennent saluer sur le devant de la scène, ce qui permet au fan du premier rang de tendre son stylo à Dave puis à Baz.

Il est 23h. Malgré les réclamations d’une partie du public, le concert s’arrête là, sans doute pour éviter que le bus du groupe ne se transforme en citrouille… ils sont attendus le lendemain au milieu de nulle part.

Petit détour par la salle pour saluer Owen, le webmaster des Stranglers et grand organisateur des « wonky trips », qui a, cette fois ci, pris un « wonky plane » pour venir assister au concert de Bordeaux avant de louer une « wonky car » pour se rendre à celui de Blaye les Mines.

Dehors, il fait -2°C et curieusement, je n’ai pas froid.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Excellente chronique, Cécile !!

Merci!

J'ai bien l'impression que Bordeaux a fait honneur aux MenInBlack.

Une tournée placée sous le signe du fun et de l'énergie, comme tu dis, pas de fioritures, et des morceaux très bien choisis. Peu (pas ?) de temps mort.

Jim s'améliore de tournée en tournée.

Bear Cage et le crooning sur Harry : nous sommes bien d'accord, ces deux moments justifieraient à eux seuls l'achat du billet.

A bientôt !!

Nicolas

Anonyme a dit…

compte rendu très inspiré !! et sympa la vidéo !
Valérie

Anonyme a dit…

Le son est aussi bon que la vidéo, bravo cette chanson est grandiose.F

Unknown a dit…

vraiment un grand moment pour ce retour sur scène chez nous. tout est parfait sur ce concert, mis à part la première partie que je trouve chiante à souhait comme les Stranglers savaient le faire il y a des années, pour agacer son public

Anonyme a dit…

bien d'accord avec l'intégralité de cette chronique, superbe setlist, très bonne ambiance (tant côté scène que public), salle quasiment pleine (surprenant lorsque l'on se souvient de leurs deux derniers concerts bordelais au Théâtre Barbey, moitié moins grand que le Krakatoa, et pourtant pas complet), grosse énergie des musiciens... Super soirée. Et pour l'anecdote, je dirais que ta remarque sur le fait que certains fans de hard rock/heavy metal aiment les Stranglers pour leur énergie est parfaitement justifiée dans mon cas, étant moi-même un pur fan de metal, et en effet, j'admire ce groupe pour son énergie. Bien vu:)

Jean François a dit…

Toujours le même plaisir de te lire chère Cécile.

Amitiés et bonnes fêtes de fin d'année
Jean François

Anonyme a dit…

merci Jean-François !
Cécile

Alain a dit…

Belle chronique d'un concert génial. Et merci à JJ, Baz et Dave pour la dédicace de l'album ;-)